” histoire et patrimoine ”
Le nom de Lagiacum apparut pour la première fois dans un acte de 829.
Le Chapitre de Notre-Dame de Paris reçut une grande partie du territoire de Lay et devint seigneur du lieu.
Le pouvoir royal confirma, par les chartes de 980 et 982, cette possession qui fut maintenue jusqu’à la Révolution. D’autres seigneurs avaient aussi des biens dans le village : des établissements religieux, parmi lesquels l’église Saint-Marcel et l’église Saint-Merri de Paris, ainsi qu’un seigneur laïc possesseur du fief de La Tournelle.
Au début du XIIIe siècle, Lay était encore un « écart » de Chevilly, petite agglomération distincte du centre de la commune. Saint-Louis nomma « maire » des villages de Chevilly et de Lay, André le Doyen, résidant à Lay, chargé de percevoir dîmes et prébendes. A la fin du siècle, Lay forma une paroisse distincte : Saint-Léonard, quelques maisons groupées autour de l’église que l’on citait parmi les églises paroissiales importantes.
Les villageois furent peu à peu libérés de diverses servitudes. Au XIIe siècle, Louis VII abolit le droit de corvée et de gîte à Lay. Au XIIIe siècle, le Chapitre de Saint-Marcel puis le Chapitre de Notre-Dame de Paris affranchirent les serfs de leurs domaines respectifs. La guerre de Cent Ans fut une période très difficile, combats et peste noire décimèrent la population.
En 1453, à l’issue du conflit, il n’y avait plus que 26 familles dans le village.
En 1468, Jean Dunois, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, mourut chez son ami Antoine Raguier à Lay, dans le château du fief de La Tournelle, la célèbre « Maison Platte » immortalisée par le graveur Claude Chastillon vers 1610.
Ses obsèques eurent lieu en l’église Saint-Léonard.
Cette porte nord de l’église est le témoin de la reconstruction de l’église au XVIe siècle.
Initié par Henri IV, l’aqueduc Médicis fut construit de 1610 à 1623 de Rungis à Paris. Quatre regards ponctuent son tracé à travers la ville.
Lay était un petit village entouré de cultures, friches et forêts où le gibier abondait. Sur le rebord du plateau limoneux surplombant les fonds humides de la Bièvre, les maisons à colombages et toits de tuiles rouges s’étiraient le long de quelques rues étroites, telles la rue de La Tournelle et la rue du Val (actuelle rue Jean-Jaurès / rue Dispan). Le village qui abritait vignerons et cultivateurs était devenu, depuis deux siècles, un lieu de villégiature pour les riches parisiens séduits par le calme, l’air pur et le cadre verdoyant, à proximité de Paris et de Versailles.
Membres de la petite noblesse, hauts fonctionnaires du Royaume et autres notabilités, firent édifier de belles demeures, élégantes « maisons des champs » entourées de parcs et de vastes jardins, qui, au fil du temps, accaparèrent une part importante du village.
A la veille de la Révolution de 1789, la paroisse de Lay dépendait de la Généralité de Paris. Le Chapitre de Notre-Dame de Paris était toujours seigneur de Lay. Enclavé dans les possessions du Chapitre, le fief de La Tournelle appartenait à Monseigneur Hippolyte-François de Sanguin, Marquis de Livry, chef des armées navales du Roi.
En 1787, un édit royal créa dans chaque paroisse une assemblée municipale. Chevilly et Lay se regroupèrent; les membres de cette assemblée : Claude Chevalier, de Lay, Louis le Duc, de Chevilly, les curés des deux villages, Le Bourlier, procureur fiscal de La Tournelle représentant le Marquis de Livry, Charles François Frottier, syndic et Pierre Macret, instituteur et secrétaire-greffier, furent les futurs citoyens chargés de mettre en place l’assemblée.
Au printemps 1789, l’assemblée municipale, « convoquée au son de la cloche en la manière accoutumée », établit les 17 articles du cahier de doléances et chargea les députés Claude Chevalier et Louis Le Duc de le présenter aux États.
Le 14 décembre 1789, l’Assemblée Nationale décréta que chaque paroisse serait constituée d'une municipalité composée d’un maire, d’un procureur syndic, d’un secrétaire-greffier, d’officiers municipaux et de notables.
En janvier 1790, le premier Conseil général de Lay-Chevilly fut constitué. Il fut rattaché administrativement au canton de Villejuif, au district de Bourg-la-Reine et au département de Corbeil puis à celui de Paris. La municipalité participa au grand chantier du Champ-de-Mars pour la préparation de la Fête de la Fédération, ce qui lui valut un certificat de civisme.
De nouveau, en 1792, le corps municipal, la garde nationale et la population manifestèrent leur esprit républicain en participant à une parade révolutionnaire à Bourg-l’Egalité (Bourg-La-Reine) dans la grande allée du château de Sceaux.
La tourmente de la Révolution laissa des traces dans notre village séparé, maintenant, de Chevilly. La vente des biens ecclésiastiques morcela les terres de Messieurs du Chapitre. Dès lors, les nouveaux propriétaires, souvent parisiens, profitant des dévaluations de l’assignat, formèrent les notables du village. En mars 1793, la Convention créa les Sociétés Populaires. Cet organisme fut mis en place dans chaque commune, chargé de veiller à ce que chacun applique correctement les lois républicaines.
L’Empire passa. Une relative accalmie procura à nos villageois des récoltes plus abondantes. En 1814, pour des raisons inconnues, l’orthographe du nom « Lay» devint « L’Haÿ ». Les troupes étrangères envahirent le nord de la France et dans notre village séjournèrent des cosaques, auteurs de nombreux méfaits que bien vite le nouveau régime répara.
Les règnes de Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe furent des périodes de paix ; elles permirent d’effectuer de nombreux travaux qui améliorèrent la vie des habitants.
Entre 1829 et 1851, un maire, Pierre Bronzac, fit paver les deux rues principales du bourg, édifier une fontaine publique, transférer le cimetière qui jouxtait l'église et aménager la mairie et l'école...
L’aqueduc de la Vanne, dit le Belgrand, fut construit de 1866 à 1874 et l’aqueduc du Loing et du Lunain (1897-1900) traversent Lay. Il dessert aujourd’hui le réservoir d’eau implanté sur la commune de L’Haÿ-les-Roses, qui alimente le sud, sud-ouest de la capitale.
Sous le Second Empire, fut nommé Maire Eugène Chevreul, l’illustre savant. Le nouveau maire réussit à faire agrandir la place de l’église et y installa un puits communal.
Bureau de Eugène Chevreul
Bientôt une terrible guerre franco-allemande et les combats de la Commune de Paris vinrent troubler la tranquillité de L’Haÿ.
En 1870, lorsque la guerre éclata, la situation géographique de L’Haÿ au bord du plateau dominant la vallée de la Bièvre, lui valut d’être occupée par les Prussiens dès le début du siège. Les habitants furent évacués vers Paris. Le village fut aux trois-quarts détruit, la reconstruction fut longue et coûteuse.
Par la suite, L’Haÿ mena une vie paisible qui fut couronnée, en 1899, par la création de la Roseraie par Monsieur Jules Gravereaux.
Source : Yves Humbert. Cette photo de Jules et Henri Gravereaux aurait été prise en 1913.
Jusqu’en 1946, L’Haÿ fut une commune essentiellement agricole (blé, pommes de terre, l’arboriculture, la floriculture - pépinières, forcerie de lilas) et viticole. En 1900, il restait encore 8 hectares de vignes.
A l’écart des grandes voies de communication, L’Haÿ ne fut pas touchée par la révolution industrielle du XIXe; siècle. Comme industries notables, il n’existait que quelques briqueteries, plâtrières et carrières.
Toutes ces terres disparurent peu à peu au profit de lotissements pavillonnaires puis d’importants groupes de logements collectifs s’accompagnant d’une explosion démographique.